Les grandes crises planéraires

Historique des grandes crises dans le monde

La spéculation, au sens propre du terme, serait-elle l’ingrédient critique des crises monétaires, économiques, politiques, sociales, des crises immobilières, écologiques, humanitaires, … qui se produisent régulièrement sur notre planète ? Tout comme un auteur de romans d’anticipation qui livre une œuvre de fiction dont les événements se déroulent dans un futur proche ou lointain, le spéculateur quant à lui, doit faire des choix qui l’engagent sur le futur, en prévoyant certaines évolutions. Le spéculateur prend le risque que ces anticipations ne se réalisent pas. D’où des crises sur les marchés financiers entraînant des troubles sur de nombreuses activités, des flambées financières sur des matières premières par exemple, des cataclysmes humains, des crises sans précédent, ou encore des crises du logement. Certaines crises mondiales ont ébranlé le monde…  Remontons le temps !

Du milieu du 17ème siècle au milieu du 20ème… crises et krachs à gogo !

1637… milieu du 17ème siècle : la crise de la Tulipomanie !

En plein cœur de l’hiver 1637, en février, aux Pays-Bas, après des années de spéculation sur le cours des bulbes de tulipes et d’une ferveur particulière pour cette fleur mythique, les prix s’effondrent brusquement, provoquant la ruine de nombreux spéculateurs. Certains historiens considèrent que cet épisode relatif au marché de la tulipe est le premier exemple de bulle spéculative économique et financière de l’histoire.

1720… Krach en France et en Angleterre…

En 1720, à quelques mois d’intervalle, deux crises financières liées aux titres de compagnies exploitant les ressources du Nouveau Monde, la Compagnie des mers du Sud et la Compagnie du Mississippi de John Law, explosent en France et Angleterre. En France, cette crise est connue sous le nom de la faillite du Système de Law, conséquence du taux d’endettement massif de la France en 1715.

Puis vers la fin du 18ème siècle, s’enchaînent : la crise d’avril 1788, en France, le cours de la Caisse d’escompte s’effondre ; la Panique de 1792 liée à une politique nombrable de prêts à taux réduits produisant une flambée hystérique d’emprunts, suivie d’une brusque remontée des taux. Les emprunteurs sont dans l’incapacité de tenir leurs engagements et tombent en faillite. En 1797, crise monétaire, la Banque d’Angleterre n’a plus de réserves, elle suspend les paiements en espèces devant l’afflux des demandes de conversion auxquelles les banques du pays sont confrontées ; la cause : des bruits d’invasion conduisant une flopée de particuliers, de fermiers et de petits commerçants à retirer leurs avoirs auprès des banques provinciales.

Crise de 1810, la Grande-Bretagne est soumise au blocus de Napoléon 1er ! Le système de crédit s’effondre et de nombreuses faillites s’ensuivent. En 1809, il est à noter un embargo sur les marchandises et transactions venant de Londres et Paris par les États-Unis. Mais plusieurs causes sont le terreau de cette crise du début du 19ème. La livre sterling était ébranlée par l’abus du crédit et par l’inflation ; l’Angleterre était face à des difficultés de recouvrement de ses ventes en Amérique du Sud. Aussi, la contrebande et la politique des licences avaient conduit à une diminution des réserves bancaires. Un grand marasme s’établit donnant notamment naissance au luddisme, ce fameux mouvement de révolte d’artisans anglais, tondeurs, tisserands et tricoteurs entre 1811 et 1816.

Crise de 1819, considérée comme crise financière de grande ampleur aux Etats-Unis, elle marque la fin de l’expansion qui a suivi la Guerre de 1812 dont le financement avait largement altéré les réserves bancaires et conduit à une cessation des paiements en espèces en 1814. Résultat : inflation des émissions monétaires privées ; vague de faillites et profonde récession agricole et industrielle.

Crise boursière de 1825 : les spéculations intensives sur les investissements latino-américains (banques, assurances, armement de bateaux, construction de canaux, …) favorisent l’effondrement du cours de ces valeurs à la Bourse de Londres. Banqueroute pour de nombreuses banques et faillite de plus de 3300 entreprises. C’est la Grande-Bretagne qui a été principalement touchée par cette crise, considérée comme l’une des premières crises boursières de l’histoire.

1836 Krach boursier et Panique de 1837 : La décision d’Andrew Jackson, 7ème président des États-Unis, de subordonner la vente de terres d’État à un paiement en métaux précieux, donne brusquement un coup d’arrêt à la spéculation foncière en Amérique. Puis l’année suivante, en 1837, éclatement de la bulle spéculative aux États-Unis lorsque les banques américaines suspendent leurs paiements en espèces.

1847, krach en France et en Angleterre : l’enthousiasme démesuré pour les actions des compagnies de chemin de fer et la démesure du coût des travaux d’investissement, ont amené à une montée des actions à des cours faramineux. De nouveaux appels de fonds génèrent l’effondrement des cours de bourse en 1847. Une crise du crédit provoque une panique bancaire d’où la faillite de nombreux organismes financiers et l’arrêt de l’activité de plusieurs compagnies.

10 ans après, survient la crise de 1857 : à cause de la banque Ohio Life and Insurance Company, confrontée à une forte demande de crédit, suspend ses paiements, tout comme d’autres banques telles que celle de New-York, du Maryland et de Pennsylvanie, de Baltimore, Philadelphie, ou encore de Boston. Le taux d’escompte augmente fortement et les actions de chemin de fer enregistrent une forte baisse à la Bourse de New-York. La crise américaine se propage instantanément en Angleterre et en France. S’ensuit une récession économique dans tous les pays unis par des liens financiers, monétaires, économiques.

Krach boursier le vendredi 11 mai 1866 : à cause d’un défaut de paiement de la Mid-Wales Railway Compagny (compagnie de chemin de fer), la maison d’escompte Overend & Gurney fait faillite, ce qui déclenche un krach boursier suivi d’une panique bancaire, entraînant une crise de liquidité et des faillites en séries.

S’enchaînent la crise bancaire de mai 1873 à cause d’une spéculation immobilière effrénée quand l’Exposition universelle de cette année se révèle décevante. En 1882, krach de l’Union générale, scorie du krach de 1873, en 1890 c’est la crise Barings, la plus ancienne banque britannique est en faillite à cause de son exposition à la dette souveraine de l’Argentine, surendettée et en défaut de paiement. Sans compter la Panique de 1893, krach financier aux États-Unis lorsque les investisseurs tentèrent de convertir leurs avoirs fédéraux en or.

Le début du 20ème siècle se voit en 1907 en Panique bancaire américaine : plus connue sous le nom de Panique des banquiers, cette crise survient à New-York lorsque le marché boursier s’effondre brusquement, perdant 50% de la valeur maximale atteinte l’année précédente. La panique se propage à tout le pays, de nombreuses banques et entreprises sont liquidées.

En 1923, Hyperinflation de la République de Weimar : l’Allemagne se voit affublée d’une hyperinflation qui atteint son apogée en novembre 1923. Sa cause principale est l’exigence française de réparations de guerre avec tous les ingrédients que cela implique.

Krach de 1929 du New-York Stock Exchange entre le 24 et le 29 octobre entraîne en quelques jours une crise bancaire précipitant les États-Unis dans la Grande Dépression. C’est la plus grave crise économique mondiale du XXème siècle.

1966 Crise américaine du crédit : les banques américaines, après plusieurs années de forte croissance, n’ont plus de réserves. Le contexte : la Réserve fédérale conduit une politique restrictive afin de contenir l’inflation. Chute des cours boursiers, baisse des liquidités et hausse des taux d’intérêt, provoquant un fort ralentissement de l’activité économique. En l’espèce, première crise moderne avec des épisodes similaires de resserrement du crédit en 1969 et 1974.

 

 

 

les grandes crises du 20ème et 21ème siècles

Au XXème et XXIème siècles, plusieurs grandes crises économiques ont mis le monde en panique ! De la Grande Dépression de 1929, en passant par la crise sanitaire de 2020 et de l’inflation de 2022 ; les grandes crises de notre époque se sont toujours révélées dévastatrices pour l’économie. Faisons le point.

    La Grande Dépression de 1929 : le 29 octobre 1929, la panique envahit Wall Street. Le krach boursier américain, à travers la chute vertigineuse des titres, a entraîné une crise économique majeure, appelée également la Grande Dépression. L’origine de cette crise est liée à un endettement excessif du secteur privé et d’une faramineuse bulle spéculative. D’une violence extrême pour l’économie mondiale, ses conséquences financières, politiques et sociales ont été écrasantes. Considérée comme la plus importante dépression économique du 20ème siècle, elle a duré jusqu’à la seconde guerre mondiale avec une importante déflation, l’explosion du chômage, et la réforme des marchés financiers, entre autres.

     

    1973, premier choc pétrolier, le second en 1979 : la période des Trente Glorieuses (de la fin de la seconde guerre mondiale jusqu’au début des années 1970), a permis aux pays industrialisés de connaître une période de croissance économique extrêmement favorable ; d’autant qu’à l’époque le pétrole était une source d’énergie peu coûteuse. Les pays du Moyen-Orient, d’où est extrait le pétrole, et membres de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) décident en 1973, en riposte au soutien de certains pays occidentaux à Israël pendant la guerre du Kippour, d’augmenter les prix du baril de pétrole ! Après une stabilisation du prix du pétrole en 1979, tout de même multiplié par quatre depuis 1973, de nouvelles tensions s’installent dans les pays du golfe Persique. Les compagnies pétrolières sont encouragées à augmenter la demande de pétrole auprès des pays du Moyen-Orient, qui a eu pour effet l’augmentation du prix du baril. Avec la chute du Shah et l’arrivée au pouvoir des islamistes en Iran, le prix du pétrole culmine.

     

    1982, la crise de la dette des pays en voie de développement : déclenchée à cause de l’incapacité de plusieurs pays en voie de développement à rembourser leurs emprunts, notamment les pays pétroliers qui s’étaient endettés les années précédentes pour investir à la suite de la hausse des cours du pétrole. Le Mexique a été le premier pays à annoncer qu’il n’était plus en mesure de rembourser. Les grandes banques créancières sortiront de la crise de la dette des pays en voie de développement, par un mécanisme de titrisation via des instruments financiers, les Brady Bonds créés en 1989.

     

    Lundi 19 Octobre 1987, krach mondial : Wall Street s’effondre ! La bourse de New York enregistre une chute de 22,6% de l’indice Dow Jones en une séance. C’est ce qu’on a appelé le « Lundi Noir » ou le « Black Monday » en référence du « Back Thursday » du 24 octobre 1929. A ne pas confondre avec le « Black Friday » où au 21ème siècle, la population s’engouffre en masse dans les magasins pour dépenser… Ce jour-là, à Wall Street, le Dow Jones perdait 508 points. Quasi 600 millions de titres ont été échangés et 560 milliards de dollars se sont volatilisés. Quant à Hong Kong, la bourse a fait un plongeon de 46%, et à Londres d’environ 27% ; quant à Paris : « seulement » 9.64%… l’origine de cette banqueroute est liée à un déficit commercial américain plus important que prévu, la tendance haussière des taux en Allemagne et l’éclatement d’une bulle spéculative sur les actions, après 5 années de hausse presque ininterrompue. Finalement, ce krach mondial a été absorbé grâce à la réactivité de la banque centrale américaine. Deux ans plus tard, le Dow Jones retrouvait son niveau d’avant octobre 1987.

     

    1990/1991, la guerre du golfe : ce conflit oppose du 2 août 1990 au 28 février 1991, l’Irak à une coalition de 35 États dirigée par les États-Unis à la suite de l’invasion et annexion du Koweït par l’Irak. Cette guerre a généré, notamment en France, un attentisme généralisé qui a gelé de nombreuses transactions commerciales, suspendu les projets d’investissement, réduit les stocks, et engendré une vague de licenciements. De nombreux ménages français ont été financièrement impactés. La crise immobilière de cette année-là (1991) est l’une des crises de référence immobilière avec une chute très importante des prix et de nombreuses faillites de promoteurs. En janvier 1991, la France participe à l’opération Tempête du désert en mobilisant 12000 soldats français. Une période inscrite à l’encre rouge dans l’Histoire.

     

    2000, éclatement de la bulle internet : bulle spéculative par excellence dont l’origine est placée à la fin des années 1990. C’est en mars 2000 qu’elle éclate, entraînant la disparition d’une foultitude de sociétés orientées « nouvelles technologies », provoquant une onde de choc boursière qui a secoué les grandes places financières de la planète.

     

    2008, la crise des « subprimes » (prêts hypothécaires à haut risque) : la crise de 2008 a pour origine l’excès de l’endettement des particuliers, notamment aux Etats-Unis. Elle a commencé avec les difficultés qu’ont eu les ménages américains à faible revenu, à rembourser des crédits consentis pour l’achat de leur logement. Au regard de l’interdépendance économique et financière entre les pays, cette crise des subprimes s’est propagée comme une traînée de poudre dans le monde entier. Les bourses mondiales plongent et la planète est en récession. Encore aujourd’hui, nous avons en France les séquelles financières de la crise des subprimes.

     

    2019, la crise sanitaire – Covid-19 : c’est le 16 novembre 2019 à Wuhan, en Chine centrale, que la pandémie de Covid-19 se propage dans le monde entier. Cette maladie infectieuse émergente dont l’agent pathogène est le coronavirus SARS-CoV-2 a été déclarée comme pandémie par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), en France, le 11 mars 2020. Plus meurtrière que les épidémies de grippe saisonnière du 21ème siècle en France, celle du Covid-19, depuis la grippe espagnole de 1918, a fait de très nombreux décès en France. Se sont ensuivis la mise en place de l’état d’urgence sanitaire, des confinements et l’élaboration de protocoles de lutte contre la maladie.

     

    2022, inflation, crise économique, crise énergétique

    Le conflit Russo-Ukrainien provoque la hausse du cours du baril de pétrole, la hausse du prix du gaz, du blé, des matières premières, etc… générant non seulement une pénurie de certains produits mais aussi une inflation importante dans de très nombreux pays. En France, en décembre 2022, elle est de l’ordre de 6.5%. Aussi, l’envolée des prix de l’énergie (électricité, gaz, fioul, bois, pellets, etc…), la remontée des taux d’intérêt, l’envolée des prix de consommation courante, engagent la France et les Français dans une dynamique de récession. Les Français œuvrent pour s’engager dans une sobriété consumériste, énergétique, et environnementale. Ils s’organisent et s’adaptent !

     

    Sans compter, de 1989 à 2014, entre autres, d’autres événements comme :

    • La bulle spéculative japonaise de 1989,
    • La « Crise Tequila », crise économique mexicaine de 1994,
    • La crise économique asiatique en 1997,
    • En 2000, c’est la Turquie qui est touchée par une crise,
    • L’hyperinflation au Zimbabwe de 2000 à 2009,
    • La crise économique en Argentine en 2001,
    • … du Brésil en 2002,
    • La crise grecque en 2009,
    • La crise espagnole en 2010-2014,

    Plus d’informations sur la crise immobilière :